mardi 31 janvier 2012

Life and Art of David Fincher : l'Alien qui redéfinit l'homme


A l'aube des année 90, Fincher est le clippeur le plus demandé au monde. Ses vidéos l'ont rendu important dans son micro-univers, et l'heure du passage au film est venue pour lui. A l'époque, rare, encore, sont ceux de la pub et du clip qui sont venus au film (on pense à Russel Mulcahy, réalisateur d'Highlander, pionnier du "passage" du clip au film). C'est à ce moment là qu'on lui offre un travail qu'il semble incapable de refuser.

Fincher, pas encore 30 ans, se voit proposer la direction d'Alien 3, suivant les pas de Ridley Scott et James Cameron, deux de ses idoles. Le réalisateur, conquis par l'idée, ne sait pas encore dans quoi il met les pieds.

Alien 3 est passé par mille mains, scénariste (William Gibson, David Twohy), réalisateurs (Renny Harlin, Walter Hill, Vincent Ward), a déjà couté une fortune en préparation à la Fox qui veut un résultat qui comblera les attentes et maintiendra le niveau de vache à lait qu'est pour le studio la franchise.


Fincher arrive en réunion sur le projet et amène des idées fortes, garder l'aspect prison, garder l'aspect religieux, raser la tête de Sigourney Weaver et tuer les survivants du second opus...Le jeune homme déconcerte, il y a dans son travail des parti pris forts. La Fox lui confie le bébé, tout en laissant la vraie direction des opérations aux producteurs.

Fincher, aussi, est déjà le maniaque qu'il allait devenir. Le réalisateur est une forte tête, alors qu'on espère qu'il livrera un film classique d'action, qui fera ses entrées.


Sur le documentaire disponible du film fourni dans l'anthologie Alien en DVD, on peut découvrir les différentes strates du projet, et le cauchemar de Fincher sur le plateau, luttant pour obtenir tout et rien, braquant la caméra du making of sur les producteurs, leur faisant promettre devant caméra de l'argent pour les décors, les effets visuels. Fincher souffre de ne pas pouvoir faire dès ses débuts le grand film de SF qu'il a en tête. Le jeune réalisateur voit dans Alien3 le moyen de signer une fresque immense, un film qui définira sa carrière. Ce sera le cas, mais pas de la manière qu'il entend.

Le tournage d'Alien3 est abrégé, Fincher viré du plateau, une partie du scénario non tourné du fait de dépassements de temps et d'argent. Fincher revient cependant au montage, livre une version, encore trop sombre, qui sera redécoupé par la production. Le réalisateur confessera plus tard qu'au moment du montage les émeutes de Los Angeles ravageait la ville et qu'il fantasmait que les émeutes génèrent un incendie prenant aux archives de la Fox où les négatifs du film étaient entreposés, ne laissant aucune trace du film.

Le film sort l'été 1992, et est un lourd échec, malaimé par la critique US qui a eu vent du tournage en souffrance et qui n'attend pas de le voir pour le détruire en rêgle. En France, le reçu est différent, voir même opposé. Le film de Fincher, même si massacré, demeure l'un des blockbusters les plus sombres et glauques jamais filmés, un film porté par une ambiance et un fond terrifiant. Les cranes rasés, les poursuites, les relations entre les personnages, la mort de Ripley...Tout dans le film sent la mort et l'horreur, et Fincher, même s'il le renie, se fait un nom avec le film auprès des fans de SF et des autres qui rangeront Alien3 à côté des oeuvres de Scott et Cameron sans l'ignorer. Et puis il y a ce plan légendaire...


En rapport au reste de l'œuvre de Fincher, on note l'obsession pour le fanatisme religieux, très présent ailleurs, dans la symbolique esthétique comme dans le fond. On gardera aussi l'idée d'enfermer les héros, les femmes notamment, dans un carcan où elles doivent faire face à elle-même autant qu'aux autres. On notera aussi dans Alien3 un certain rapport à la parenté, dans le rapport maternel de Ripley et les figure paternelles qui l'entourent, Charles Dance (en compagnon de vie) jusqu'à l'Alien lui-même (géniteur, protecteur, jaloux et monstre), rapport au père qui poursuit inlassablement Fincher jusqu'à Benjamin Button. Fincher ose aborder au sein de son film ce qui sera la matrice de ses quatre films suivants, et bien que le film soit amputé, renié par son réalisateur (il refuse encore d'en parler), il n'en demeure pas moins un de ses bébés.

Quant au director's cut, Fincher expliquant, lors de la promo de Panic Room que celui-ci n'existerait jamais du fait de l'interruption du tournage, de nombreuses scènes faisant le tout manquant simplement à l'appel.

De cette expérience, Fincher gardera une trace, ne jamais s'engager sur un film qui ne sera pas totalement le sien, quitte à abandonner des projets, à lâcher prise, à ne pas monter des oeuvres...Fincher financera sa vie avec le clip et la pub. Le cinéma ne vit pas que durant son exploitation en salle, il doit être entièrement selon sa volonté. Du désastre Alien3 nait un homme totalement impliqué, intransigeant, couvrant la totalité de l'oeuvre, sans demander son avis à qui que ce soit.

Il signera pour un budget énorme le Love Is Strong des Rolling Stones, revenant pas la grande porte au clip, avant de retourner au film, par la petite cette fois et un petit film qui deviendra le maître étalon du thriller pendant plus de 10 ans.

lundi 30 janvier 2012

3 livres de début d'année

Pas beaucoup de lectures en ce début d'année, mais maintenant que le froid s'installe, que les cheminée ont retrouvé leurs sens vrais, il est temps de lire.

On commence par une déception:


L'extravagant voyage de TS Spivet est un roman qui promettait, par sa présentation magique, une lecture flamboyante. La déconvenue fut de taille. le livre conte le voyage de TS Spivet, enfant surdoué de 12 ans qui traversa l'Amérique en train pour recevoir un prix scientifique traditionnellement réservé aux adultes. Et si la structure centrale de l'ouvrage raconte le voyage, ce dernier est accompagné, en marge, d'un grand nombre de dessins, anecdotes et autre petits choses qui complètent le récit.

J'espérais de ce livre un autre "histoire de PI", un "Edgar Mint" un livre un peu initiatique, touchant, drole, un regard sur un personnage, un pays, un moment... Et puis non. En effet, les illustrations en marge lassent très vite, le récit central est vite bien peu intéressant, et la fin se traine terriblement (dès qu'il arrive à destination, on s'ennuie ferme). Reste l'histoire centrale d'Emma, pas fabuleuse, mais qui parvient à nous sauver de l'ennui définitif.



On parlera maintenant d'un coup de coeur Bragelonne, le premier roman traduit d'Elspeth Cooper (dont le prénom m'évoque sans cesse l'expression "elle se la pète", mais ça c'est vraiment juste pour vous faire partager le niveau de mon humour). Les chants de la terre n'est pas un livre original, loin de là. Non, on n'est pas chez Rothfuss ou autre créateur. On est plus dans le recyclage classe de méthodes classiques (Tolkien, Rowling...).

Mais ça marche. J'ai été assez vite happé par la lecture de ce roman qui a le mérite de ne pas tomber dans un sérieux nombre de tares classiques de la fantasy. C'est déjà vu, mais c'est bien fait, et c'est à peu près tout ce que je demande. L'univers est très intelligent, bien conçu et ouvert à un grand nombre de perspectives joyeuses (le fameux voile entre les mondes, la séquence de la bête échappé...). Le final épique fonctionne merveilleusement, et la fin laisse entendre des bons moments de gloires au héros "Potterien" qu'est Gair.

Un roman de fantasy réjouissant, chaudement recommandé pour vos soirées d'hivers.



On terminera par la suite du projet Bleiberg, de David S. Khara. Le projet Shiro est le second volume de ce qui se présente pour l'instant comme une trilogie (mais l'auteur aurait bien tort de se limiter à trois livres, vu le succès de son héros). Le projet Shiro, donc, suit immédiatement le personnage d'Eytan Morgenstern après le final épique du projet Bleiberg, cette fois déterminé à étouffer une menace bactériologique venu tout droit, encore, de sombre manipulations durant la seconde guerre mondiale.

Khara ne s'est pas vraiment donné de mal, la recette avait bon goût, alors pourquoi en changer les ingrédients. Cependant, c'est avec un plaisir sincère qu'on retrouve le héros, et surtout qu'on se plonge dans ce récit mieux écrit que le précédent, et dont la vraie réussite repose sur l'efficacité de l'action, la multiplicité des situations et surtout la relation entre Eytan et son alter-ego Elena, dans une tension émotionnelle assez bien vue.

C'est un roman court, efficace (la marque de Critic), qui donne ce qu'il a à offrir, un repos bien mérité de lecture, un plaisir coupable. On attend la suite pour 2013, et on espère que Khara ne s'arrêtera pas là, on l'aime bien son Eytan.

Et vu que j'ai un peu de temps, j'attaque enfin la lecture des romans de Chuck Palahniuk que j'ai chez moi depuis...longtemps. Oui, la montagne de livres en attente décline doucement...

samedi 28 janvier 2012

Life and Art of David Fincher - réalisateur de Clips

En 1986, Fincher se joint alors à Steve Golin, Sigurjón Sighvatsson ainsi que Nigel Dick, Greg Gold et Dominic Sena, pour créer Propaganda Films, société de productions qui sera le fournisseur officiel de clips pendant les années 80 jusqu'à la fin des années 90, où la société, filiale de Polygram, accompagnera l'effondrement de Polygram films et son rachat par Universal.

Fincher, sous Propaganda, devient un réalisateur estimé et demandé qui tout en s'adaptant aux demandes des artistes (des années 80 avec le bon gout qu'on leur connaissait), parvient à mettre du siens et à signer quelques perles.



Pour Paula Abdul, il revisite le noir et blanc, et livre un clip majestueux pour Straight up. Puis il rend hommage à Bob Fosse pour Cold Hearted)



Pour Aerosmith, il signe Janie's Got A gun, où il filme la désintégration d'une famille sous le poids d'un secret, d'un mensonge...



Pour Billy Idol, il signe LA Woman, où Los Angeles devient l'enfer sur terre, les cocktails pleins d'insectes, le feu brulant les artères de la ville, et où Idol, diable en chef, navigue entre démons, orgies et religieuses...



Pour George Michael, il signe Freedom, où il filme les tops models de l'époque, et fait, en passant, exploser les symboles du chanteur et tente de fissurer son image . Les murs fuient, les juke-box explosent, le chanteur le clame "there's something deep inside of me, there's someone else I've got to be"... A la fin, une bouilloire est trop chaude pour y poser la main. Le "secret" du chanteur, qu'il ne fera savoir que des années plus tard, transparaissait dans le travail de Fincher, une déclaration avant l'heure... Le clip, par ailleurs, est l'un des plus beaux de Fincher, une oeuvre esthétique extrême, magnifique, troublante.



Pour Sting, il fera "Englishman in New York", revenant au noir et blanc, dans une ville de New York aux airs du Manhattan de Woody Allen, filmant l'écrivain anglais Quentin Crisp, inspiration de la chanson. La mélancolie de New York, dans le noir et blanc, en fait également l'une des oeuvres marquantes de Fincher.



Pour Don Henley, il signe "The end of the Innocence", où il décrit la mort du rêve américain, ruiné par les républicains et les désillusions. Le clip se termine ironiquement dans un champs qui rappelle "l'enfer" du final de Seven, un désert sombre empli de pilonnes électriques...



Pour Michael Jackson, il signe "Who is it?" où le personnage féminin, aux formes multiples, fascine, et où la mise en scène de Fincher va bien au delà de l'illustration, mais cherche à explorer une histoire plus vaste autour. Le film multiplie les effets, questionne, au delà, l'idée d'identité, la peau, le sexe... Sans cesse, raconter, pousser le clip dans ses retranchements. Fincher à l'orée des années 90 semble arriver au terme du carcan du clip.



Pour les Rolling Stones, il signera "Love is Strong", devenu l'un des clips les plus connus, mettant en scène les stones devenus des géants dans New York. Le clip, très reconnu marque la fin de sa carrière de clipper, Fincher n'y revenant qu'occasionnellement pour des "amis" comme Trent Reznor.



Mais on finira par sa plus fameuse collaboration avec Madonna. Il signe 4 clips pour la chanteuse. Le plus cher, Express Yourself, où Fincher recrée pour elle Metropolis de Lang et la redéfinie alors en sex-symbol. Fincher iconisera encore plus la chanteuse avec son clip le plus célèbre, Vogue. Mais ce sont deux autres clips qui marquent leurs collaborations. Le drame familial, le poids de la religion dans Oh Father, la force de la mise en image des souffrances marque. Mais c'est avec Bad Girl, leurs dernières collaboration, que Fincher réussit le miracle. Mettant en scène Christopher Walken en ange et la mort préméditée de la chanteuse, Bad Girl est probablement le clip le plus fort de Fincher, dans son exécution (encore une fois, la maîtrise au service du propos, jamais d'effets en l'air)

Fincher est également un immense réalisateur de publicité, l'autre activité de Propaganda. Pour un nombre impressionnant de marques, il signera des clips comme l'hommage à Blade Runner pour Coca Cola, la célèbre "instant karma" pour Nike etc...
Fincher définit la publicité comme un gagne pain qui lui permet d'expérimenter. Il profite de budgets impressionnants pour tourner des séquences d'une minute. C'est par là qu'il gagne son indépendance financière, et qu'il arrive à refuser des projets, maintenir son niveau d'exigence.

Quelques séquences majeures:
















(A 1 min.20 de ce best of de la période propaganda, première apparition d'Angelina Jolie à l'écran...)



Nike Gamebreaker from David Lo on Vimeo.


(la démonstration de performance capture par Fincher...Ça laisse rêveur)


(pour boucler la boucle, une autre pub contre le cancer)

L'ensemble de travail, dont une bonne partie fut tourner par Fincher entre Panic Room et Zodiac (probablement pour se donner le temps de monter Benjamin Button), montre un éventail incroyable de technique, et de cette capacité à conter, à manipuler l'image pour mettre en avant, non un produit (généralement peu ou par présent dans le clip), mais une idée, une histoire, un message.

Les prouesses de Fincher l'amène vite à être accueilli par les studios pour lui proposer des films. Celui qui retiendra son attention sera le troisième volet de l'un de ses films préférés, Alien. Commence pour Fincher un cauchemar incroyable.

lundi 23 janvier 2012

Pour tuer le froid et l'ambiance moribonde de l'hivers!


Voici un petit nombre des pistes que j'écoute en boucle! Pas mal de pop qui bouge bien!




On commence par The Shoes, album hélas découvert trop tard pour figurer dans le top, mais qui aurait pu. Ecouter "Time to Dance", c'est la décharge bienvenue!!!



On enchaîne avec la bombe du dernier (et ultime) album de CSS, City Grrrls qui file une bonne patate!!



M83, pour continuer. Pas mal connaissent, d'autres ignorent. M83 est un album surpuissant, mais ce single, encore plus que les autres, m'éclate!!!



Et enfin, l'énorme album "Watch the throne" signé JayZ et Kanye West. Un morceau au hasard, et dans l'ensemble un album qui est marqué par l'influence des deux géants. Une claque!!! Trop trop bon!!!

vendredi 6 janvier 2012

Top Mange-Disque 2011

Suite des tops avec le top des musiques de l'année. Deux très solides premiers et pas mal de petites pépites!


Les Albums de l'année

1- Metronomy - The English Riviera
(découverte du début d'année qui n'a jamais quitté la première place)



2- Bon Iver - Bon Iver
(La découverte dans un bar à Berlin, qui a longuement accompagné mes errances de Septembre)



3- Cults
(Le petit album qui a tourné en boucle, qui finit par s'imposer, entre les pipettes et les raveonnette)



4- The Lonely Island - Turtleneck and chain
(Ahhhh, le second album des lonely Island...Jack Sparrow, place obligée)


5- Feist
(Un album qui décevait au début, mais qui s'impose finalement par la douceur mélancolique qu'il déploie...Magnifique)


6- Radiohead - King of Limbs
(Radiohead c'est toujours pareil, on commence par hurler au scandale et puis on finit par se rendre compte qu'on l'a écouté mille fois, avec toujours le plaisir)


7- Friendly Fires - Pala
(Un peu de pop, tiens, un album qui gagne aussi aux multiples écoutes)


8- She & Him - Christmas Album
(l'album à savourer au coin du feu...Zooey et M + Noël, ça va bien)



9- Kanye West & Jay Z - Watch the throne
(La découverte tardive qui s'immisce dans le top tranquille tant l'excellence des morceaux en impose)


10- Florence + the Machines - Ceremonials
(Album très fort, riche, un peu le Bat for Lashes de l'année, ça doit tout tuer en concert)


11- Washed Out - Within and Without
(Comme Friendly Fire, un album qui alterne pop electro et morceaux plus mélo...Bien bel objet en tout cas)


12- Death Cab for Cuties - Codes & Keys
(Un album sombre, mais fort. Découverte du groupe pour moi)


Mention spéciale pour 52 reprises dans l'espace de Katerine, qui m'a bien fait remuer en fin d'année. Reprises improbables de Diam's, Celine Dion ou les 2be3, toutes superbes!

N'y sont pas, mais auraient pu: M83, Noel Gallagher, the decemberists, Elbow, Young the Giant...


Les BO's de l'année

1- Drive
(Mériterait d'être au dessus. Des morceaux - ah lala, cette chanson de College, combien de fois l'ai-je écouté - à la musique de Cliff Martinez, immense BO)


2- Moneyball
(Une des plus forte de Mychael Danna, un miracle de musique, et la reprise de The Show à la fin en rajoute une couche)


3- Tron l'héritage
(techniquement c'est l'an dernier que je l'ai découverte, mais puisque je garde l'IMMENSE Bo de Dragon Tattoo pour 2012, je place Tron Legacy ici)


4- Hanna
(Les Chemical Brothers ont su insuffler le son parfait au film "anormal" de Joe Wright. Une BO hypnotique et électrique coup sur coup)


5- Harry Potter 7
(Desplat signe une seconde partie très riche en moments forts. Compilé avec le premier disque, on a là la meilleure BO de Potter depuis Williams)


6- Rango
(Hans Zimmer a signé pas mal de BO insignifiantes, mais de temps en temps, il nous en sort une qui se démarque. Rango est de celle-ci. Des chansons de Los Lobos aux rythmes westerns, jusqu'à l'emprunt magique de Danny Elfman, une BO qui dépote.)



Mention spéciale - Pourquoi tu pleures
Eh oui! Pour son premier film en tant que rôle principal, Benjamin Biolay s'est mis à faire un disque pleins de reprises, de morceaux inédits, de collaborations...Un disque qui fait plaisir, autant que le film, sinon plus.



Début d'année, début des Tops: FILMS

Et oui, voilà, c'est le début de la saison des TOPS!

Et on commence, comme de tradition, par le top FILMS de l'année. Une année qui n'a pas bien démarrée, beaucoup de déconvenues, des films intéressants, mais jamais de vrais déclics, mis à part notre numéro 1 qui est resté indétrônable tout au long du parcours. L'année est marquée par des performances, celles de Portman ou Dunst, la mise en scène de Von Trier ou Winding Refn, celle plus minimaliste de Bennett Miller, le grand Terrence Malick, le beau scénario de Will Reiser, Brad Pitt immanquable...Un top qui a connu des vagues, la vague oscars 2011, la vague Cannoise, la vague de fin d'année...Et au final des films marquants, beaux, forts.

1- Black Swan (Darren Aranovski)
S'il n'en restait qu'un, ce serait celui-là. Plongée dans la folie obsessionnelle d'une danseuse perfectionniste, le film ressemble à un mix des précédentes oeuvres du réalisateur, tant il semble mettre son talent et la force de sa mise en scène au service d'un récit qui se vit comme un électrochoc. Mais ce qui marque par dessus tout, c'est le regard, la détresse, la folie dangereuse, l'incontrôlabilité de Natalie Portman. Meilleur film de l'année.

2-Drive (Nicolas Winding Refn)
L'autre électrochoc. La nouvelle rencontre de Nicolas Winding Refn avec Hollywood fut la bonne: casting immense (Ryan Gosling, évidemment, mais aussi Albert Brooks, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Ron Perlman...), mise en scène de génie, bande son obsédante... Drive a tout du meilleur qu'on puisse obtenir, ou comment transformer un récit de seconde zone en une série B qui magnifie autant qu'elle assombrie tout.









3-Melancholia (Lars Von Trier)
Qui aurait cru qu'après une brouille longue et lourde, j'aimerais à nouveau passionnément un film de Lars Von Trier. Pour moi, la seconde partie représente quelque chose de terrible, bouleversant, du cinéma à l'état le plus absolu. Cela ne veut pas dire que la première partie pose problème, au contraire, elle est là pour faire un peu plus comprendre le tout. Plus beau titre, et meilleure application de son principe. Chef d'oeuvre, tout simplement.

4- Le Stratège (Bennett Miller)
Comme le précédent, voici un autre inattendu du top. Un film sur le baseball par le réalisateur de Capote qui m'avait ennuyé à l'époque. Et pourtant, rarement cette année on aura senti plus belle note d'intention de la part d'un réalisateur, usant magnifiquement de tous les artifices pour faire vivre autrement ce récit de lose. Le scénario est parfait, les acteurs bien dirigés...Mais on reste sur la mise en scène, cet esprit faussement minimaliste qui cache le grand travail. Un film qui m'obsède encore.

5- Harry Potter et les reliques de la mort (David Yates)
Épisode final, derniers instants, grosse émotion. La saga Potter s'est achevé sur un film épique, une oeuvre violente, chargée, pleines d'instants mémorables, qui laisse une trace. Le film réussit là où il devait, avec ce final casse gueule. On regrette que Yates n'ait pas pris le même temps pour raconter l'épisode 6, tout y aurait été meilleur.

Le reste du top, sans les commentaires, mais toutes les critiques sont sur le blog.


6- 50/50 (Jonathan Levine)












7- Source Code















8- Super 8
















9- The tree of life
















10- Beginners













11- Blue Valentine

















12- Hannah














13- Contagion
















14- Submarine














15- Rango

jeudi 5 janvier 2012

Life and Art of David Fincher - Naissance d'un artiste


A l'heure où le neuvième opus cinématographique du réalisateur se prépare à envahir les écrans, la presse et les discussions, revenons un instant sur la carrière de celui qu'on considère aujourd'hui comme le plus grand perfectionniste d'Hollywood, et par là même l'un de ces plus grands cinéastes.

Si l'on devait caractériser Fincher et son cinéma, on évoquerait directement la perfection de la mise en scène, le perfectionnisme, l'absence de compromission...

Fincher n'a signé que 9 films, en presque 20 ans. Pourtant Fincher est cinéaste depuis bien plus longtemps, dès le début des années 80. 1984, pour être exact, marque ses débuts à la mise en scène, mais revenons en arrière encore un peu.

L'éducation d'un prodige.

Démarrons à la naissance du monsieur, en 1962. Son père travaille pour la revue Life, sa mère dans un centre de désintoxication. Ses parents, d'après le réalisateur, lui parlent du travail, ne lui cachent rien. Aussi, les professions spécifiques des deux parents préparent le réalisateur au monde de façon plutôt sombre (ou réaliste), et on peut en capter le résultat dans le souci qu'il a de coller à la réalité, qui à tendre vers le sombre, le morbide.

L'enfance de Fincher se résume malgré tout à une vie banlieusarde, paisible, qui ne sera réellement perturbé que lorsqu'un tueur en série menacera de tirer sur les cars de l'école. Cet homme, c'est le Zodiac Killer. De cette peur, qui symbolise pour le réalisateur la fin d'une époque pour la Californie de son enfance (la fin du summer of love), Fincher fera un film, comme pour conjurer une angoisse tapie au fond de lui.

L'autre fait marquant de son enfant, se sont les séances de cinéma avec son père, qui l'emmène très jeune découvrir les chefs d'œuvre de l'époque. Il raconte ainsi s'être retrouvé très jeune devant des films tels que La planète des Singes, Bullitt, 2001, l'odyssée de l'espace ou Butch Cassidy et le Kid. L'anecdote de 2001 veut que Fincher fut fasciné de voir que le film n'avait pas de dialogue pendant une bonne partie du début, et de comprendre le pouvoir de suggestion de l'image. Mais c'est Butch Cassidy et le Kid, de George Roy Hill, cinéaste qui exercera une grande influence sur lui, qui le bouleverse.

A l'époque, jeune, Fincher pensait que le cinéma se faisait rapidement, en direct, les comédiens agissant comme au théâtre. C'est en découvrant le making of, à la télévision, du film de George Roy Hill qu'il prend conscience de l'artillerie nécessaire à l'élaboration d'un film. Fincher attrape le virus.

Jeune, il espionne son voisin, George Lucas, à qui il livre le journal, et qui est alors le jeune réalisateur de THX1138 et d'American Graffiti. Le San Francisco de l'époque était la plaque tournante du nouvel Hollywood (Fief de Coppola) et Fincher, très jeune, se décide : il sera, comme tous ses camarades de classe, réalisateur. Il travaille ici et là sur des petits projets, tourne des films en super8 avec ses copains, et bosse comme projectionniste. Il raconte avoir passé des soirées à diffuser All That Jazz, de Bob Fosse, et y avoir compris l'art du montage, des choix de mise en scène, comme une école de cinéma juste pour lui. (il rendra bien plus tard hommage au film, le temps d'un clip).

A l'orée des années 80, Fincher plante ses études et parvient à se faire embaucher par ILM, la naissante compagnie de George Lucas, justement, spécialisé dans les effets spéciaux. Il travaille alors pour Indiana Jones et le temple maudit, Le retour du Jedi ou encore L'histoire sans fin de Wolfgang Petersen. Il filme des maquettes, et on croise encore son nom au fin fond des génériques. Fincher, alors, soutient mordicus vouloir passer vite de technicien à réalisateur. L'arrivée de MTV et sa demande en clip vidéo, ainsi que l'émergence de la publicité, lui offriront sa chance.


Fincher au générique du Temple Maudit et du Retour du Jedi

Fincher, en 1984 rassemble ses sous et tourne avec quelques collègues une publicité sur le cancer, pour l'association luttant contre cette maladie (il tournera d'autres spots contre le cancer, notamment pour l'association de la productrice Laura Ziskin).

Voir Smoking Foetus

La vidéo marque les esprits et permet à Fincher de se faire remarquer. Il tourne dans la foulée le documentaire "The Beat of the live drum" (devenu une oeuvre invisible, hélas) en 1985. Fincher devient réalisateur à temps pleins de clips et signe ses premières oeuvres.

Tout se met en place.