dimanche 6 janvier 2013

Mon année cinéma 2012


2012 s'achève et en regardant le compteur, on s'arrête à 82 films, un chiffre tout à fait honorable (oui, on s'arrête pile poil comme l'année dernière), compte tenu de mes autres activités audio-visuels, de ma pantouflardise grandissante, du mois passé à l'autre bout du monde...

Faut d'oeuvres surpuissantes, ce sont les traditionnels de l'étape, Fincher et Nolan, qui ont remporté la palme, sans originalité, parce que je n'ai rien vu cette année qui pouvait les détrôner. Et croyez bien que ça me désole un peu quand même. Rien pour supplanter un Fincher certes exceptionnel, mais qui sur d'autres années ne se classait pas tout en haut.

Prenons les cinq dernières années, incorporons Dark Knight Rises et Millenium dans le top:

En 2011, ils seraient arrivés 3ème et 5ème, au milieu de Black Swan, Drive et Melancholia
En 2010, placé 6ème et 7ème, derrière Toy Story 3, Social Network, Inception, Fantastic Mr Fox ou encore Dragons (quelle année...)
En 2009, 4ème et 6ème, derrière Benjamin Button, Avatar, District 9, ou Ingloriuous Basterds

Bref, pas des champions... Mais ne dramatisons pas tout. Millenium demeure, et ce encore plus à chaque visions, une oeuvre absolument extraordinaire. Si Fincher s'est plus fait serviteur de l'oeuvre de Stieg Larsson que réel créateur, il n'en demeure pas moins un film absolument hypnotique. Des scènes demeurent dans mon esprit, je me suis repassé la rencontre avec le vieil oncle nazi récemment, cette montée de tension dans l'interprétation sombre et le texte du vieil homme, cette haine canalisé, froide. Je repense à l'article que je lisais l'autre jour sur le thème des violences faites aux femmes et cet autre, sur rue 89, et je repense au discours si troublant du tueur de femmes du film, qui m'avait particulièrement interpellé par son horrible justesse, ce raccord sombre avec le réel, cette façon d'envisager le mal qui glace.

Et puis il y a Lisbeth... Rooney Mara en Lisbeth, sa force, sa haine, sa violence, et surtout cette fragilité si troublante, cette accessibilité si vite brisée, ce final si triste parce que sans fioriture, comme son héroïne, cette façon de dire en baissant les yeux qu'elle a rencontré quelqu'un, d'acheter une carte d'anniversaire, comme une enfant... Lisbeth est un personnage rare chez Fincher, émouvant. Et cette envie folle qui nait à l'idée qu'ils puissent faire les deux suites, pour la voir, elle, plus encore...

Et puis il y a Batman. Si les déçus sont légions (et je ne parle même pas des polémiques débiles de cet été, qui ont permis à intelligentsia bien-pensante de la culture française de se faire Nolan, parce que bon, le p'tit gars a trop de succès, c'est forcément louche), je n'en fais pas parti. Mieux, j'ai une affection spéciale pour ce film, surtout pour sa fin, pour le regard de Michael Caine, pour le plan final extraordinaire, parce qu'avec ce film, c'est un immense moment de cinéma qui s'achève, une trilogie qui a poussé le cinéma de divertissement plus loin, hors de ses formats habituels, à tous les niveaux. Nolan a donné son talent à Batman, et cette trilogie en est un testament immense et inoubliable.

Bon, et si on quitte les deux habitués, on trouve quand même d'autres choses magnifique cette année. La lumière et la musique de Jean Eyre, de Cary Fukunaga, la tension toujours palpable qui s'oppose à la passivité étrange du personnage Ben Affleck dans Argo, une gravité extrêmement bien vu.

Il y a ce tigre qui contemple l'abysse, sur un bateau isolé de tout, et qui comprend, soudain... Il y a cette scène, bouleversante, dans Oslo 31 Aout, où le héros observe ses pairs dans un café, imagine la suite de leur chemin, leur conversation sur leur avenir.

Je repense aussi au 20 dernières minutes de Skyfall, cette maison qui éclaire le champs dans son embrasement, le regard halluciné de Javier Bardem, peut-être le moment le plus incroyable de cette année cinéma.

2012 fut aussi l'année de l'apocalypse ("Let the sky fall..." comme disait Adele), il ne faut pas l'oublier.Et si Batman parvient à l'empêcher, tout comme les Avengers, et avec quelle maestria visuelle, d'autres ne peuvent que la constater, comme les deux amants du superbe Perfect Sense, ou la petite fille des Bêtes du Sud Sauvage, deux œuvres à la frontière de la SF qui nous livrent une idée plutôt juste ce que ça pourrait être, intime, comme pour Melancholia, une fin de tout.

2012 fut ainsi, des petites choses qui s'imbrique, qui donne du très bon. Même si jamais on n'atteind des sommets, il y a dans ce fourbi des moments précieux. Et rien que pour ça...

 TOP 5
1

Millenium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes 


2

The Dark Knight Rises


3

 
The Avengers


- Argo


- Perfect Sense


- Skyfall 


4

Les bêtes du Sud sauvage


Oslo, 31 Aout 


Life of Pi 


 Jane Eyre 


5

 
Sherlock Holmes 2 : Jeu d'ombres


 The Hunger Game


Magic Mike 


 Ernest et Celestine


Mentions spéciales 2012:

- à Steven Soderbergh pour son énergie et sa créativité, son regard sans fausse pudeur sur les mal stripper de Magic Mike qui rend le plus plus précieux et intelligent qu'un autre aurait pu faire.

Jared Harris, autant pour son génial Moriarty de Sherlock Holmes 2 que pour son émouvant personnage de Mad Men.

-au Karen O, pour ses brillantes chansons pour Millenium et Frankenweenie. Parce que sans elle, ces films seraient moins bons.

Hulk. Oui, c'est le meilleur de Avengers, et il existe enfin vraiment au cinéma. Quel pied!

- à Tom Hardy, autant pour son Bane que pour la découverte en vidéo de Warrior, chef d'oeuvre absolu, où il est juste incroyable.

LA scène de l'année, dans "La Cabane dans les bois", quand les portes de l’ascenseur s'ouvrent...*orgasme*

-à ce dialogue de Young Adult, si affreux, et si juste:
 


 Allez, on termine en vidant les chiottes:

Le pire film de l'année, de très loin devant les autres: L'amour dure 3 ans de Frédéric Beigbeder, cauchemar à tous les niveaux, l'interprétation catastrophique (mais j'aime Gaspard Proust quand même), la mise en scène plate, l'histoire débile, les guests "mais pourquoi, pourquoi?", la lourdeur totale du truc. Pire film depuis un bon moment, je pense.

Suivent: 
- l'affligeant The Sitter avec des enfants pourris, des blagues vieilles de 100 ans,un film de feignasse. 
- Le Magasin des suicides, qui continue de creuser la tombe de Patrice Leconte, ex-réalisateur talentueux, qui aurait bien fait de se tenir à sa retraite.
- Dark Shadows, de Tim Burton. Encore un vrai film de feignasse, mou, agaçant, l'impression de la commande bis, après Alice et la confirmation que ses films avec Helena Bonham Carter sont ses pires. Heureusement pour Tim est survenu Frankenweenie cette année, un vrai retour aux sources, béni!
- Sur la piste du Marsupilami, triste film comme une commande, sans vraie idée, sans folie, trop gamin, jamais drôle... Alain Chabat sera cette année dans Turf de Fabien Onteniente. Alain a-t-il décidé de se saborder définitivement???